Jean a vécu pas mal de choses extraordinaires sur lequel il est resté très discret mais qui constituent le terreau de ses écrits. Écrits enrichis par des distorsions volontaires de la réalité et l’intrusion moins contrôlée de rêves et de fantasmes. Jeune primo-écrivain de 80 ans, hédoniste tranquille, cycliste infatigable, grand-père heureux, il vit une deuxième vie grâce à l’écriture. Joe Hartfield et Le Mal-Aimé l’ont aidé à se voir de l’intérieur, à éclairer son passé d’une lumière tantôt vive et intense, tantôt douce et paisible.
Dans Joe Hartfield, Jean s’était fait plaisir, sans contraintes. Il avait laissé libre court à sa créativité et à son improvisation dans une saga foisonnante, étalée sur plus de 60 ans. Son second roman, Le Mal-Aimé est un formidable défi où il s’est astreint à trois règles: moins de personnages, un univers temps plus court et une histoire tout simple (une chronique familiale) enrichie par un mystère qui tient les lecteurs en haleine jusqu’à la fin. C’est écrit d’une plume sobre et alerte, en phrases souvent courtes, avec des images précises ponctuées par des références musicales qui accrochent (le jazz, la musique baroque, Charles Trenet, Léo Ferré, Glenn Gould ou Thelonious Monk). Il s’est concentré sur une poignée de personnages, attachants à la fois par leur aptitude au bonheur et par leurs failles. L’ensemble du livre forme un cycle: le dernier paragraphe du dénouement se retrouve dans le prologue et invite le lecteur à relire le récit avec des yeux différents. Une seconde lecture éclaire la première !